Qu’est ce qu'un pied creux?
Le pied creux est une anomalie architecturale du pied se manifestant par une voute plantaire exagérée et un varus de l’arrière pied (= un talon qui bascule vers l’intérieur). En effet, en situation normale, lorsque le pied est en appui au sol, il existe un espace entre la partie interne du pied et le sol: la voute plantaire.
Pour diverses raisons (détaillées dans le chapitre suivant), en cas de pied creux, cette voute plantaire est majorée et il en résulte un appui au sol anormal. Cet appui se fait sur une surface plus faible que sur un pied normal et est donc à l’origine d’une mauvaise répartition des contraintes sur le pied en charge. Ces contraintes seront majorées sur la tête du premier métatarsien, sur la tête du cinquième métatarsien et sur le talon.
Il existe 3 grands types de pieds creux :
- le pied creux antérieur : la partie antérieure du pied est trop verticalisée. Il peut être soit :
- antéro-médial si la déformation touche principalement le premier rayon
- antérieur direct : la déformation touche l’ensemble de l’avant pied.
- le pied creux postérieur : la partie postérieure du pied (le talon) est trop verticalisée
- le pied creux mixte qui associe les 2 déformations précédentes.
Pourquoi j’en ai une ?
Un certain nombre de pieds creux sont qualifiés « d’essentiels » : cela signifie qu’aucune pathologie n’explique la présence de la déformation. Ils sont en général modérés et peu symptomatiques.
Le plus souvent, une pathologie neurologique est en cause dans la déformation du pied. Elle doit systématiquement être recherchée en présence d’un pied creux. Voici les principales pathologies pouvant être à l’origine d’un pied creux :
- la maladie de Charcot Marie Tooth
- une infirmité motrice cérébrale
- Les myopathies
Des séquelles post traumatiques (fractures) et certaines pathologies rhumatismales peuvent également être à l’origine d’un pied creux.
La découverte d’un pied creux justifie donc la réalisation d’une enquête étiologique approfondie avec notamment une consultation neurologique spécialisée.
Comment ça évolue ?
L’évolution est variable d’un patient à l’autre et bon nombre de pieds creux restent longtemps asymptomatiques. Cependant la tendance le plus souvent est à l’aggravation progressive avec apparitions de douleurs, d’une gène au chaussage ou d’une boiterie.
Dans les formes évoluées, l’appui du pied au sol n’est plus plantigrade, le patient marche sur le bord latéral de son pied.
Quels sont les symptômes ?
Le motif principal de consultation est la DOULEUR. Le patient se plaint de douleur au niveau des points d’appui du pied au sol. Si ces douleurs concernent le talon, on parlera de TALALGIES. Si ces douleurs sont en regard des têtes métatarsiennes à la partie plantaire du pied, on parlera de METATARSALGIES.
En réaction, sur ces zones d’hyper appui, va se développer une hyperkératose : les DURILLONS.
D’autres symptômes non spécifiques peuvent également être présents :
- Boiterie
- Instabilité de cheville (entorse à répétition)
- gène au chaussage
- griffe d’orteils
- tendinopathie des tendons fibulaires
Un certain nombre de patients consultent pour un aspect disgracieux de leur pied sans autre symptôme associé. Une gêne esthétique ne constitue JAMAIS une indication opératoire. Votre chirurgien n’effectuera pas de chirurgie à visée ESTHETIQUE.
Un examen sur podoscope permettra de classifier cliniquement le degré de déformation.
Un bilan radiographique et IRM (ou Scanner) permettra à votre chirurgien de déterminer avec précision la cause de votre pied creux et son importance.
Que faut-il faire ? Quand doit-on m’opérer ?
En cas de pied creux asymptomatique, aucun traitement ne doit être mis en place. Il faudra simplement adresser le patient à un neurologue pour enquête étiologique.
En cas de douleur, le traitement médical doit TOUJOURS être proposé en première intention. Il comprend plusieurs niveaux :
Une antalgie par antalgiques de palier I ou II
La kinésithérapie :
- conservation des amplitudes articulaires du pied et de la cheville pour éviter que la déformation ne se « fixe »
- prise en charge d’une tendinopathie fibulaire
Les orthèses plantaires:
- Correctrices : pour lutter contre la déformation
- Compensatrices : en cas de déformation fixée
- lutte contre l’affaissement de l’arche interne du pied
Lorsque les douleurs persistent malgré un traitement médical bien conduit pendant plusieurs mois, il peut être envisagé une prise en charge chirurgicale.
La technique utilisée dépendra de la cause du pied plat, de son stade évolutif et de son degré de réductibilité (Est ce que la déformation est fixée ou peut on manuellement la corriger ?).
Comment préparer au mieux mon intervention ?
Comme pour toute chirurgie une consultation d’anesthésie préalable est nécessaire en complément une consultation de cardiologie est parfois demandée.
Il est recommandé d’arrêter de fumer 6 semaines avant la chirurgie et 6 semaines après. Le tabagisme multiplie par 10 les risques de complication post-opératoire et notamment les risques de troubles de la cicatrisation et les risques de nécrose cutanée.
L’intervention se déroulera soit en hospitalisation conventionnelle sur quelques jours. Selon la technique opératoire choisie, une immobilisation par attelle ou par botte en résine pourra être prescrite par votre chirurgien en post opératoire.
Une douche est nécessaire la veille au soir et le matin même de l’intervention avant de vous présenter aux admissions.
Pour une gestion simple les ordonnances post-opératoires (antalgiques, chaussure orthopédique, soins infirmiers) vous seront remises dès la consultation préopératoire afin de pouvoir vous organiser au préalable.
Vous devrez donc le jour de l’intervention rapporter les béquilles (parfois la botte de marche) pour pouvoir repartir avec.
CHAQUE PATIENT EST UN CAS PARTICULIER ET SEULES LES CONSIGNES DE VOTRE CHIRURGIEN SERONT A RESPECTER.
Consulter la chirurgie